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Les bienfaits de remettre à demain ce qu’on pourrait faire

aujourd’hui ?

La question pourrait paraître saugrenue dans notre culture du « Ne remettez jamais à plus tard ce que vous pouvez faire aujourd’hui » installée par Benjamin Franklin ⁽¹⁾.

Et pourtant, que faisait Isaac Newton ⁽²⁾ sous son pommier, si ce n'est procrastiner ? Preuve qu'il peut y avoir une « procrastination productive ».

Les procrastinateurs font quelque chose, mais pas forcément ce qu'ils avaient prévu (ou ce qu'ils étaient censés faire). Est-ce un problème ?

Oui et non, nous apprennent les études en sciences sociales et les neurosciences.

Les meilleurs scientifiques (comme Newton) ont pour caractéristique commune de s'accorder des « loisirs » — au sens du romain du terme otium, c'est-à-dire des activités autres que le travail : philosophie, art, jardinage, etc. — nous apprenait une (longue, 10 ans) étude de la NASA dès les années 60.

Les recherches récentes en neurosciences confirment que notre cerveau se détruit dans la routine, alors qu'il se nourrit de la variété d'activités ⁽³⁾.

Evidemment, si vous vous êtes laissé happer par des vidéos d'animaux domestiques sur Instagram ou les nouvelles de vos amis sur Facebook, ce n'est pas pareil. Hyperconnecté, votre cerveau en surcharge est condamné au stress.

Vous l'avez compris, toutes les procrastinations ne se valent pas.

Parce qu'il ne faut pas confondre procrastiner et repositionner une activité à un moment plus opportun (où l'on pourra être concentré, par exemple). Et qu'il ne faut pas confondre procrastiner et s'accorder un temps pour une activité qui n'est pas forcément en rapport avec notre travail, mais qui enrichie notre vie (et nos capacités).

Le débat sur les vices et vertus de la procrastination fait rage aujourd'hui — y compris dans la presse internationale — surtout autour de la productivité (en berne depuis 40 ans) et de la réduction du temps de travail (semaine de ou en 4 jours).

Pourtant, le débat ne date pas d'hier.

Sénèque ⁽⁴⁾ avait consacré trois de ses ouvrages à l'usage que nous faisons du temps de notre vie. Il distinguait ainsi les otiosi, ceux qui prennent le temps d'activités autres que le quotidien du travail, des occupati, ceux qui s'absorbent entièrement (s'aliènent) dans leurs occupations.

Il concluait que les occupati croient qu'ils ont à faire, tandis que les otiosi savent qu'ils ont à être.

Et puisque nous parlons des Romains, il est intéressant de noter que les affaires se disaient en latin negotium, littéralement neg-otium, soit ce qui s'oppose à l'exercice de l'esprit, aux activités studieuses et créatives.

Alors, toujours « busy, busy » ? ;)

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⁽¹⁾ Benjamin Flanklin, inventeur et industriel, un des pères fondateurs des Etats-Unis, par ailleurs homme politique assez social (Wikipedia)

(2) Isaac Newton, auteur de la loi universelle de la gravitation (Wikipedia)

(3) Pierre-Marie Lledo, « des cerveaux à neurones ajoutés » (Vidéo)

(4) Sénèque, philosophe et homme d'État romain (Wikipedia) - Sur la notion d'otium

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