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BabelMusic XP : à Marseille, le secteur culturel en quête de sens
C’était le rendez-vous à ne pas manquer courant mars. Comme chaque année, ARTES a fait le déplacement à la Friche Belle de Mai, en plein cœur de Marseille, pour le festival BabelMusic XP. L’occasion de croiser des visages bien connus (anciens participants, partenaires, formateurs…), et surtout, de discuter des différentes problématiques rencontrées par le secteur culturel dans cette période si particulière.

Pour une fois, on a pu se vanter qu’il faisait meilleur à Nantes ! Entre un mistral coriace et des averses à ne pas mettre un Breton dehors (oui, même un Breton !), BabelMusic XP n’était, cette fois, pas l’occasion de prendre un bain de soleil… Sans rancune, on repassera l’année prochaine !
Excepté ce point météo, le festival et son salon professionnel ont été l’occasion – entre les multiples sonorités – d’échanger sur nos pratiques, projets et problématiques. Malgré cette période particulière (pour ne pas dire troublée), nous avons trouvé des acteurs culturels déterminés, inventifs, et solidaires.
Parmi ceux que nous avons eu plaisir à recroiser, il y a Bernard Guinard. Un indécrottable du secteur – ancien directeur du Chaînon Manquant ou encore de la FAMDT (Fédération des acteurs et actrices des musiques & danses traditionnelles)– aujourd’hui coordinateur du dispositif national Prix des Musiques d’ici, dont les deux lauréats (Aïtawa et Dendana) se produisaient à Babel. À 68 ans, Bernard a connu les nombreuses transformations des métiers de la culture qu’il a notamment traversé grâce à une boussole : la formation.
« J'ai toujours essayé de me former au moins tous les 5 ans », nous explique celui qui a occupé des postes à responsabilités tout au long de sa carrière. Et qui, de fait, a envoyé de nombreux collaborateurs en formation. Notamment chez ARTES. « J'ai toujours été très soucieux du parcours des gens avec lesquels je travaillais. La question de la formation, elle était évoquée à chaque entretien annuel. L’idée était de se projeter : quelles compétences nouvelles souhaite-t-il acquérir ? Et comme j’étais le patron, j'avais aussi besoin que mes collaborateurs évoluent sur certains axes. Il y avait quelque chose de l’ordre du deal, le tout était de trouver un compromis qui convienne aux deux parties », poursuit Bernard derrière ses lunettes rouges.
« Il faut revenir au sens, ne pas penser uniquement par la technicité »
Les temps ont changé, et aujourd’hui face à des moyens restreints, le secteur culturel voit ses besoins en formation évoluer. « On est sur des problématiques d’ordre divers, analyse Bernard. Pour moi, il faut revenir au sens, ne pas penser uniquement par la technicité. Bien sûr, l’acquisition de compétences reste essentielle, mais il faut aller plus loin : pourquoi travaillons-nous dans ce secteur ? Quelles valeurs porte-t-on ? Comment on se projette ? Quelle est notre motivation, en dehors de toucher un salaire ? », énumère-t-il sur les bancs des Grandes Tables, à quelques mètres du salon professionnel de BabelMusic.
« Pour beaucoup, la difficulté est que les postes culturels nécessitent une forte polyvalence et une grande compréhension des enjeux, poursuit Bernard. C'est pour ça que cette question du sens est importante. On ne peut pas tout savoir, par contre, bien mesurer les enjeux, bien connaître les outils, en mesurer les limites… Là-dessus, se former est indispensable », pointe-t-il, en référence notamment au développement de l’Intelligence Artificielle.
« Les échanges avec les autres, on ne les trouvera jamais dans un tuto »
S’il se rappelle de « débats, ou de discussions » avec d’anciens collaborateurs par rapport à leurs choix de formation qui n’avaient « objectivement rien à voir avec leur cœur de métier » - il évoque notamment des formations en voile – Bernard dit avoir rarement refusé des demandes.
« En fait, je me suis rendu compte très jeune que les formations étaient un moment privilégié, qui permet de rencontrer des gens. Les échanges avec les autres, on ne les trouvera jamais dans un tuto. Les temps communs, le groupe… Tout cela est hyper riche, précieux. Cette dimension humaine est essentielle », conclut l’ancien voisin d’ARTES, du temps où il dirigeait la FAMDT, et que nous étions très heureux de recroiser du côté de Marseille. Une rencontre - parmi tant d’autres la semaine dernière - qui reflète bien nos aspirations, et que nous avions à cœur de vous partager.
