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Manager autodidacte : « j’ai senti mes limites »
C’est un schéma de carrière assez classique et que l’on observe dans tous les secteurs d’activités : un salarié expérimenté, par le biais de son ancienneté, accède à des fonctions managériales. Si le mérite de ce dernier n’est pas à démontrer, est-il toutefois en capacité de piloter une équipe ? Car être compétent est une chose, mais diriger en est une autre…

Devenir manager, ça ne s’improvise pas. Enfin, ça, c’est en théorie. « En pratique, la majorité des managers ne sont pas du tout formés », nous expliquait Yves Judic en octobre dernier. Intervenant sur le cycle « Réussir dans sa fonction managériale » pour ARTES depuis 2018, cet entrepreneur de toujours a eu l’occasion d’accompagner d’anciens salariés promus à des postes de direction sans avoir acquis, au préalable, les compétences nécessaires.
Des cas similaires à celui de Nathalie*. Administratrice d’une compagnie de spectacle de rue, cette dernière a pris de plus en plus de responsabilités au fil de ses 20 années d’ancienneté. « Petit à petit, j’ai eu à manager mes collègues. Mais comme j’étais arrivée bien avant eux et que je connaissais mieux la boutique, ça allait », rembobine-t-elle. De manière non-officielle et « sans véritablement en avoir conscience », Nathalie a occupé un rôle de manager dans sa structure. Une situation assez commune dans le secteur culturel qui lui a permis d’être recrutée, par la suite, dans l’équipe dirigeante d’un théâtre. Mais cette fois-ci, les responsabilités étaient bien inscrites dans sa fiche de poste. Et dans les attentes de ses collaborateurs.
« Je suis arrivée face à des gens que je ne connaissais pas et qui avaient plus d'attentes qu'auparavant en termes de management », reprend Nathalie, pour qui l’adaptation n’a pas été évidente. « Il y avait un vrai besoin de stabilité, une insécurité latente dans l’équipe. Je n’arrivais pas à redresser la barre car j’avais moi-même beaucoup de choses à intégrer », se rappelle-t-elle. L’expérience tourne court. Au bout d’un an, Nathalie quitte sa nouvelle structure. Cet hiver, elle s’est tournée vers ARTES, où elle a suivi plusieurs formations depuis 2020. « J’ai senti mes limites, et j’ai compris qu'il me fallait me former pour être plus à l'aise à l’avenir. Car quand tu es recruté sur un poste de manager, il faut être prêt dès le premier jour », nous explique-t-elle peu avant prendre part au premier module du cycle « Réussir dans sa fonction managériale ».
Des responsabilités, mais une formation négligée
Loin d’être isolé, le cas de Nathalie illustre bien les propos d’Yves Judic. « Je ne sais pas si 10% des managers ont été formés. Ce sont des postes où la formation est très négligée par les entreprises, et c’est pourtant primordial, regrette-t-il. Généralement, on accède à ces responsabilités tard dans une carrière, donc c’est là qu’on a le plus besoin d’être accompagné. Même pour ceux qui ont eu des cours de management en formation initiale, 15 ans peuvent être passés depuis. Il faut se mettre à jour ». Et bien que certains possèdent un leadership naturel, dans la plupart des cas, « il y a surtout des gens qui ne savent pas comment faire, et qui, donc, sont hyper directifs », observe Yves.
Après « avoir retourné le problème dans tous les sens », notre formateur pointe « une forme d’insouciance » des structures qui peut avoir des conséquences. « Ne pas former ses managers, ça a un coût induit : il faut en changer tous les six mois, des salariés peuvent vouloir partir car ils n’en peuvent plus… Il faut donc recruter, former les nouveaux collaborateurs… On ne s’en rend pas forcément compte de suite, mais mis bout à bout, ça coûte la peau des fesses ! », conclut Yves, qui plaide pour un apprentissage continu, tout au long de sa carrière et peu importe le poste occupé.
« Je suis venue chercher des outils, des échanges, des postures… »
Et là-dessus, ce n’est pas Christelle Hodeige, un visage bien connu de l’équipe d’ARTES, qui dira le contraire. Comme Nathalie, la coordinatrice du Collectif du Dix, à Nantes, a suivi plusieurs modules de formation avant de s’inscrire sur le cycle management. « Je suis venue chercher des outils, des échanges, des postures pour m’aider dans la résolution de conflits ou de problématiques, nous confirmait-elle dans une interview publiée en septembre dernier. Quand je suis arrivée en formation, je dirigeais des projets, mais je n’étais pas forcément à l’aise avec l’idée de diriger des équipes. J’étais gênée par cette posture, sachant que je n’ai pas de fonction de directrice. Mais je suis repartie avec des compétences humaines qui me servent maintenant au quotidien ».
Même son de cloche du côté de Samuel Suire : « quand je me retrouve face à des situations complexes, j’essaie de me reposer sur ce que j’ai vu en formation », confirme ce dernier. Coresponsable du Théâtre de la Chaloupe, à Niort, il est également revenu sur son expérience, datée de 2021. Pêle-mêle, il cite des apports en termes de posture, de gestion des conflits, ou de communication. « Cela m’a permis de me redéfinir, et de me repositionner par rapport à ce que je veux être dans ma structure », synthétisait alors Samuel. Exactement ce que vient chercher Nathalie. « J’espère pouvoir éclaircir mon rôle et trouver des outils à mettre en place pour animer un travail collaboratif », explique-t-elle. En clair : abandonner définitivement sa casquette d’autodidacte du management, et surtout, reprendre confiance en elle. La clé pour réussir dans les prochaines missions qui lui seront confiées.
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