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Entretien avec François Boitard, formateur ARTES, spécialiste de la gestion et du droit des associations

Formateur pour ARTES depuis 2006, François Boitard est expert en gestion et en droit des associations. Il anime ainsi 5 modules de formation portant sur ce thème. Nous nous sommes entretenus avec lui pour qu’il présente le contenu de ces modules, ce qu’ils comportent et qu’il en précise les apports.

François, pouvez-vous nous expliquer l’intérêt pour des salariés ou dirigeants d’associations de participer au stage « Conduire, animer et gérer la vie d’une association » en 2018 ?

Tout simplement parce que nombreux sont ceux qui pensent tout savoir sur les aspects juridiques de l’association dite loi de 1901, sans bien souvent l’avoir lue. Et malgré de nombreux recueils et guides qui les décrivent, ces derniers tombent souvent dans un certain nombre d’idées reçues.

Quels-sont ces pièges dans lesquels il est fréquent de tomber ?

Il y en a beaucoup. Aujourd’hui, les associations ne peuvent plus être gérées comme elles l’étaient il y a ne serait-ce que vingt ans. Pour être crédibles aux yeux de leurs interlocuteurs (et bien souvent financeurs) et pour grandir, il faut qu’elles accordent plus d’importance à un certain nombre de d’informations et de normes, notamment comptables, que nous traiterons. Par ailleurs, de fréquents litiges opposent des associations à l’administration ou à divers tiers, mais sait-on précisément où en est la jurisprudence ? A-t-on vérifié la pertinence des statuts de l’association et leur conformité ? Est-on informé des dernières modifications que le texte de la loi a enregistré depuis cinq ans ? A-t-on mesuré les conséquences de nos différentes attitudes en matière de gouvernance et de responsabilités ?

Participer à cette formation permettrait donc de les éviter ?

Oui bien sûr ! Pendant ce module, nous abordons toutes ces questions. Etant depuis quarante ans formateur ou consultant dans ce domaine, et par ailleurs administrateur de structures notamment culturelles, je pense pouvoir apporter au-delà des fondamentaux théoriques et juridiques, de nombreux éclairages quant à la situation particulière de chacun.

Une fois réglée la question des aspects juridiques se pose celle de la gestion comptable et financière des associations.
Vous animez un certain nombre de modules dans ce domaine, pouvez-vous nous éclairer sur ceux-ci et sur leur articulation ?

Aujourd’hui, il est attendu des professionnels qu’ils acquièrent des compétences comptables. Dans quel but ? Tout simplement pour assurer une gestion saine et rendre compte des activités générées et, le cas échéant, de l’utilisation qui est faite des aides ou subventions qu’ils reçoivent.Si le rapport financier a longtemps été confié à un trésorier que l’on écoutait d’une oreille distraite, il est devenu un outil indispensable à la gestion de l’association.
Désormais, les techniques de gestion sont exigées par les partenaires du secteur associatif culturel comme gage de maîtrise technique et de sérieux.

Au-delà de la pratique de la production et de la diffusion culturelle, cette maîtrise, dont la comptabilité est la première étape, est de plus en plus nécessaire à la bonne marche d’une structure. Les nombreux DLA (dispositifs locaux d’accompagnement) mis en place par l’état sur ces questions le prouvent. C’est précisément cela que nous aborderons au cours du module « Pratique de la comptabilité des associations et des entreprises culturelles ou sociales ». Ce stage permet aux participants d’apprendre à maîtriser la technique comptable et les différentes écritures (tant à la main que sur un logiciel). Aussi, nous y voyons comment instaurer un dialogue égalitaire avec un expert-comptable ou un commissaire aux comptes, ces derniers étant de plus en plus exigés dans le domaine associatif et culturel.

Après ce premier module, vous conseillez fortement de participer au suivant (« Initiation à l’analyse financière dans les associations et les entreprises culturelles ou sociales »), pourquoi ?

Oui, en effet, dans la lignée du module « comptabilité », le stage d’initiation à la gestion et à l’analyse financière apprend en quelques sortes à faire parler les chiffres et les tableaux synthétiques. L’objectif est alors de réaliser l’état des lieux de la situation financière de son association. En d’autres termes, on apprend à comprendre et à utiliser les outils d’analyse.

Pouvez-vous nous expliquer la méthode que vous utilisez pour apprendre à se servir de ces outils ?

On peut découper le stage en deux parties. Après avoir bien acquis le fonctionnement des tableaux, la particularité de ce module est de permettre aux apprenants de prendre leurs propres comptes comme exemple et de réaliser ainsi l’analyse de leur propre situation financière. Pour obtenir un diagnostic fiable, nous réalisons une comparaison de trois à quatre années pour chacun des participants.

Selon vous, travailler sur sa situation personnelle est un excellent moyen d’apprendre à manier les outils ?

Tout à fait ! Cela aide à intégrer les apports théoriques vus en début de module. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que je reprends cette méthode dans le troisième stage « compta » (« Initiation à la comptabilité analytique et au calcul de rentabilité dans les associations et entreprises culturelles et sociales »). Dans ce dernier, comme dans le précédent, chacun travaille sur ses propres documents économiques et financiers.

Quel est l’objectif précis de cette troisième formation ?

La finalité de ce stage est d’étudier les méthodes de construction d’une comptabilité analytique. Au terme de la formation, les participants seront capables de dégager la rentabilité des différents secteurs de leur activité, et ainsi d’adapter ou orienter la politique de la structure.En complément, les méthodes de calcul de rentabilité des activités (méthode des coûts complets, par exemple) sont traitées durant ces deux jours. Au final, bien que cette question de la rentabilité soit un sujet tabou dans le milieu associatif ou culturel, l’objectif est d’y transmettre les techniques de comptabilité analytique des entreprises.

Enfin, vous animez également une formation intitulée « Maîtriser les règles applicables en matière de TVA dans le domaine culturel », pouvez-vous nous expliquer l’intérêt ce module ?

Aujourd’hui, de plus en plus d’associations du domaine culturel développent des activités économiques qui risquent d’entrer dans le champs* des activités concurrentielles et par ce fait de les rendre assujettis aux impôts commerciaux et à la TVA.D’autre part, les achats et ventes de spectacles se déroulent de plus en plus dans un cadre international (producteurs et/ou artistes étrangers, lieux de diffusion ou festival à l’étranger…), soit dans l’Union Européenne, soit en dehors. Aussi, beaucoup de questions se posent sur les conditions d’assujettissement, les règles et seuils à respecter, la facturation de la TVA et sa déductibilité, les taux à appliquer, les relations avec l’étranger, etc. C’est précisément à cela que nous allons répondre dans ce module.

Et comment vous organisez-vous pour traiter tous ces sujets en l’espace de deux jours ?

Il ne faut pas résumer cette formation sur les deux journées de présence des participants, il y a tout un travail fait en amont. En effet, il aura été demandé aux participants d’envoyer préalablement au stage les questions qu’ils se posent. Je prépare alors les réponses, car en matière de fiscalité, l’étude des textes et de la jurisprudence est nécessaire pour bien répondre aux différentes problématiques. Ainsi, après un bref exposé sur la fiscalité en général et celle des associations culturelles en particulier, l’ensemble du mécanisme de la TVA est abordé et présenté dans tous ses aspects.
L’important est bien de permettre aux participants de savoir comment appliquer la logique aux différentes situations qu’ils rencontrent. Les cas concrets qu’ils me soumettent constituent donc d’excellents supports pour des études de cas que nous réalisons ensemble.